Jacques BARON
"Nous regardons les cris vertigineux d'alcools - Tout le monde nous jette des fleurs d'acier". Après avoir passé son enfance à Nantes (Loire-Atlantique), Jacques Baron (1905-1986) monte à Paris vers 1920. C'est à l'église de St-Julien-le-Pauvre, à l'occasion de la "visite à travers Paris de lieux volontairement dérisoires" organisée par les Dadas, le 14 avril 1921, qu'accompagné de Roger Vitrac, il rencontre Louis Aragon et André Breton. Au mois d'octobre de la même année, la revue "Aventure" aux tendances dadaïstes et collégialement dirigée par Marcel Arland, René Crevel, Georges Limbour, Max Morise et Roger Vitrac, publie ses premiers poèmes. Il collabore ensuite à la revue "Littérature" puis à "La Révolution surréaliste".
En 1924, paraît le recueil « L'Allure poétique » salué par Aragon : « Il faut bien que celui qui saisit la poésie dans son essence soit le maître du phénomène qui la dissimulait, il faut qu'il éprouve cette maîtrise et qu'il restitue le contenu à sa limite, la poésie à la parole. » En janvier 1927, il fait partie du groupe (Aragon, Breton, Benjamin Péret et Pierre Unik) qui adhèrent collectivement au parti communiste français. Exclu du groupe surréaliste le 11 mars 1929, il se tourne vers le trotskisme, collabore à la revue de Boris Souvarine "La Critique sociale" et se rapproche de Georges Bataille. Outre des recueils poétiques, Jacques Baron a publié un roman Charbon de mer dans lequel il « rêve l'aventure d'un Arthur [ Rimbaud ] qui ne se serait pas fixé au Harrar et aurait voué son existence à l'amour »1. Il reçoit le Prix des Deux Magots pour ce roman en 1935.
En 1969, ses mémoires paraissent sous le titre « L'An I du surréalisme » où il évoque à la fois le témoignage de Victor Serge sur le communisme, les espoirs de Mai 68 et dépeint les fondateurs du mouvement surréaliste. Marin dans la marine marchande, journaliste de radio, adversaire souriant des raseurs, Jacques Baron aimera à répéter que le surréalisme, "c'était la fête, vous savez..." Tout de but des années 70, Jacques Baron s'était lié d'amitié avec Jean Breton et rapproché des poètes de la poésie pour vivre.
A Lire : Les Quatre temps, suivi de L'Imitation sentimentale (Seghers), L'Allure poétique, poèmes 1924-1973, (Gallimard), Charbon de mer, roman, (Gallimard), Le Noir de l'azur, roman, (éd. du Bateau Ivre), L'An 1 du surréalisme, suivi de L'An dernier (Denoël), L'Huître et la rose, eaux-fortes de Max Papart, (éd. DAM), Le Temps s'en va Madame, poèmes, édition bilingue français/italien, (édizioni Carte Segrete), Sept jours et quatre jeudis, illustrations d'André Beaudin, (Librairie Saint-Germain-des-Prés).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
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Dossier : MARC PATIN et le surréalisme n° 17 |